«Le procureur n’a trouvé que 3 réunions entre les commandants supérieurs et Gbagbo durant toute la crise. Mais à défaut de trouver un lien entre ses commandants supérieurs et le président Gbagbo, le procureur va s’intéresser aux réunions convoquées par son épouse Simone au sein du CNRD. Des réunions auxquelles le président Gbagbo aurait participé sans en fournir de preuve…D’ailleurs le propre témoin du procureur dira que le président Gbagbo n’a jamais participé à la réunion du CNRD dont parle le procureur » fait remarquer Ivanovic et de conclure : « Le procureur, en déformant les déclarations de ses propres témoins nous donne l’impression que lui-même n’a jamais mené d’enquête et par conséquent met en doute ses propres déclarations».
Pour la défense toutes les allégations concernant l’attaque de l’hôtel du golf, le blocus du même hôtel, sont infondées.
Session 2 : « Le seul tort de Gbagbo a été de défendre les institutions de la République, la population ivoirienne en sa qualité de président de la Côte d’Ivoire au moment des faits»
A la reprise, l’avocate Ivanovic en s’appuyant sur l’article 25(a) et (d) du statut de Rome a démontré que le procureur n’a pas apporté de preuves suffisantes prouvant l’existence d’un plan commun sur la base de la coaction du président Gbagbo en vue de se maintenir au pouvoir. En outre, pour elle s’il doit exister un plan commun, il était ailleurs. Elle rappellera les discours de Ouattara et le Meeting de Koné zacharia au moment de la rébellion.
« Nous frapperons ce pouvoir et il tombera comme un fruit mûr » dixit, Alassane Ouattara.
« Nous avons pris les armes, non pas pour IB, encore moins pour Zacharia, mais à cause de Alassane Ouattara » dixit Koné Zacharia.
Enfin si cette session de l’audience n’a pas ennuyé l’assistance, c’est bien parce qu’elle a permis aux nombreux curieux présents ce jour de découvrir « le coupé décalé » sous un autre angle. Depuis la CPI, Antoinette Alany a été élevée au rang des artistes propagandistes en Côte d’Ivoire. Avec sa chanson « on gagne ou on gagne », maladroitement attribuée aux pro-Gbagbo comme slogan de campagne afin de se maintenir au pouvoir. Et à l’avocate de dire au procureur, concernant un pan du discours de son client prononcé à Divo en pleine campagne électorale (octobre 2010) : « Je ne serai pas battu ». Pour la défense, ce slogan était purement séducteur et non violent.
A sa suite, vint le professeur Dove Jacob qui lui insistera sur les incohérences des allégations du procureur avec les dispositions de l’article 25.3 (a) et (d).
Pour lui la contribution à démontrer n’est pas la même dans le cas des deux modes de responsabilité. Il y a une distinction. Pour le procureur, l’élément par lequel la contribution a été conçue au vue de l’article 25.3 (d) est le même sous l’article 25.3 (a). « Le procureur fait une pirouette linguistique. Par ce motif, la défense demande respectueusement à la Chambre de ne pas confirmer les charges sur la base de ces deux modes de responsabilité » a conclu partiellement le prof. Avant de rappeler que même si le juge Hans Peter Kaul avait soufflé au procureur de se pencher sur l’article 28 afin de requalifier ses charges, cela ne devrait pas être pris en compte pour cette audience, car dans l’affaire Bemba, cette possibilité avait été débattue bien avant l’audience de confirmation des charges afin de permettre à la défense de faire ses observations. Et non en pleine audience. « Pour cette raison, la défense demande à la cour de suspendre cette audience afin de laisser les deux parties s’échanger les observations s’il était retenu que le procureur doit se prononcer sur l’article 28 » a conclu le prof de droit pénal international.
Session 3 : Le Prof Jacob donne un cours de doit pénal international au procureur
« Gbagbo était le président de la Côte d’Ivoire. Pour ce faire il disposait de l’appareil de l’Etat. Mais le procureur n’a pas eu le courage de le souligner. Il a préféré parler de Blé Goudé et Simone comme étant les seuls membres du groupe présumé…Le procureur a aussi parlé de 45 incidents dans son DCC, malheureusement tous ces incidents n’ont aucun lien l’un avec l’autre et ne remplissent pas les conditions d’une attaque généralisée au terme de l’article 7 du statut de Rome. Sinon, ces incidents n’ont aucun lien avec le président Gbagbo. D’ailleurs le témoin « P.9 » du procureur a affirmé que la mission des FDS était de protéger la population…
En conséquence la défense estime que les actes commis au cours de ces quatre évènements cités par le procureur ne constituent pas d’éléments objectifs pouvant constituer un crime contre l’humanité, car il n’y a jamais eu d’attaque contre des civils encore moins généralisées que systématiques… Et même si la chambre devait conclure qu’une attaque a eu lieu contre la population civile, cette attaque ne peut être imputée au président Laurent Gbagbo » a dit la défense avant de conclure définitivement sur sa présentation des preuves à décharges sur cette affaire :
« Le président Gbagbo était le président de la Côte d’Ivoire. Les troubles en Côte d’ivoire ne datent pas de 2010. Elles datent de 2002, avec des rebelles qui sont toujours actifs et soutenus par la communauté internationale. C’est bien la volonté de la France d’offrir le siège présidentiel à Ouattara qui a conduit le pays dans ce chaos…Mesdames, Messieurs les juges, la politique n’a pas sa place dans cette cour. Or le procureur a présenté durant toute cette audience un dossier politique sur la base des rapports des ONG et des coupures de presse…Il n’a pas apporté de preuves suffisantes pour soutenir ses allégations concernant les 4 évènements…Pour ces raisons, la défense demande à la chambre préliminaire de ne pas suivre la démarche politique du procureur et d’infirmer toutes les charges alléguées contre le président Laurent Gbagbo en application des règles du droit. »
L’audience continue demain jeudi 28 février 2013, avec les observations finales des deux parties. Le président Gbagbo pourrait prendre la parole.
Coulisses :
De Philippe Kouhon et Tidiane Houla/Envoyés spéciaux à la Haye (Eventnews Tv)
Commentaires
AFP Yako!
1) "des fois, je me suis retrouvé si éloigné de la CI, tant ce qui était dit...." Le président Gbagbo vient de donner son avis sur le tissu de mensonges de la procureure et de son bureau
2) " un homme marche et laisse des marques" Il propose de donner ses livres aux juges pour qu'ils jugent l'homme qu'il est . En creux, le président Gbagbo invite la cour à "lire" les marques qu'Alassane Ouattara a laissé depuis son irruption sur la scène ivoirienne jusqu'à ce jour , confirmées par le dernier rapport d'Amnesty !parce qu'hélas l'homme ne peut se refaire !
3) je vous donnerai ces livres QUELQUE SOIT VOTRE DECISION" Le président "libère" les juges car il sait qu'ils ne sont pas maîtres de cette décision!
4) je compte sur vous POUR que les Africains sachent que le respect de la Constitution et des lois qui en découlent ...." Où l"AFP et RFI voient-elles que le Président Gbagbo plaide pour lui même? Vraiment Yako!
5) "c'est celui qui n'a pas gagné les élections qui a causé les troubles!" La constance de la vérité! Où RFI voit-il de l'entêtement ? Et puis cette hypocrisie qui consiste à déplorer que le président Gbagbo n'a pas un mot de regret pour les victimes de la crise postélectorale 'sans élection ! lol ) ! Les Ivoiriens ne cessent pas de mourir et ce n'est certainement pas fini ! La France a-t-elle déploré les morts sous ses bombes ? A-t-elle-même reconnu en avoir fait autour de la présidence à Yopougon et à travers ses mains armées qui se confondent depuis 2002 avec les rebelles venus du nord ? Alors de grâce, pitié pour les Ivoiriens qui meurent et n'ont pas fini de mourir ! Et recomptons les voix ! C'est çà qui est la Vérité !
Écrit par : Dé Débora | vendredi, 01 mars 2013
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