lundi, 02 septembre 2013
MOHAMED BOUAMIDI SUR LA SYRIE: «LES AMERICAINS NEGOCIENT AVEC LA RUSSIE, L'IRAN ET LA SYRIE»
D'ici samedi (31 août 2013, Ndlr) se passeront beaucoup de choses. Ceci dit les américains essayent de négocier avec les russes, les iraniens et les syriens pour que ces derniers acceptent une frappe américaine suffisamment sévère pour passer pour de la fermeté en échange du principe de non changement du régime syrien et d'allègement des sanctions contre l'Iran. Russes, Iraniens et Syriens ont refusé cette combine. Depuis Obama, Cameron et Hollande essayent de "mouiller" leurs parlements pour se donner la légitimité de leurs "opinions publiques" pour une frappe qu'ils essayent de faire accepter comme "raisonnable" et "moralement" indispensable. D'où l’urgence d'une action anti guerre qui leur mettra les bâtons dans les roues.
La raison de fond ? C'est l'échec patent des mercenaires et autres takfiris. Ils recevaient la pile à la Ghouta de Damas (une région agricole fortement peuplée) dans la réponse préventive de l'armée syrienne la veille de l'offensive sur Damas programmée par les USA et le saoudien Bandar Ben Soltane avec de nouvelles troupes renforcées par des unités sur armées et sur entrainées par les forces spéciales US, anglaises et en Jordanie. C'est le désastre pour eux. L'histoire des armes chimiques et l'envoi en urgence des enquêteurs (ce que la France, les USA et la Grande-Bretagne avaient refusé pour Khan el Assel) devait tout à la fois offrir un répit aux mercenaires en obligeant l'armée arabe syrienne à un cessez-le-feu sur ce théâtre des opérations dernière base pour tout projet militaire contre Damas.
Bandar avait promis aux américains de renverser le rapport de forces en envoyant des quantités ahurissantes d'armes et des effectifs en surnombre dans l'offensive de "libération des côtes" (Lattaquié montagnes et plages) et celle de Damas, offensive qui bouleverserait la donne et ne laisserait à Assad et à l'armée arabe syrienne que le choix de la reddition dans "Genève II".
Cette frappe contre la Syrie reste leur seule issue pour changer le rapport de forces et éviter la débâcle. Alors ils négocient la mise en scène de la sortie avec les honneurs. Le refus des russes, des syriens et des iraniens de cette diplomatie secrète les met face à leur échec de fanfarons qui parlaient avec autant d’impudence de la chute imminente d'El Assad.
Voilà à quoi sont confronté Obama, Cameron et Hollande: "Le 26 août 2013 l’agence Ria Novosti rapportait ces propos de Mac Cain tenus à Séoul: « Si les Etats-Unis se mettent en retrait et ne décident pas de véritables actions - il ne s’agit pas de juste lancer quelques missiles de croisière - alors notre crédibilité dans le monde sera encore plus entamée, si nous en avons encore".
Tu peux publier cet échange amical, si tu le juges utile et profitable.
Mohamed Bouhamidi
Source: Le blog de Jacques Tourtaux
00:00 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Chine, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Grande-Bretagne, Monde, Monde arabe, Russie, Syrie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : monde, syrie, mohamed bouamidi sur la syrie, «les americains negocient avec la russie l'iran et la syrie», mohamed bouhamidi, le blog de jacques tourtaux, transmis par mon camarade mohamed bouhamidi | |
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jeudi, 15 août 2013
L'EGYPTE AU-DELA DES PERILS
AP. Photo/Khalil Hamra. Les violences ont fait 525 morts et 3717 blessés, mais ces chiffres risquent d'être revus à la hausse.
Alger, le 15 août 2013.
Source: REPORTERS.DZ
19:43 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Egypte, Monde, Monde arabe | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : égypte, monde, afrique, l’egypte au-delà des périls, mohamed bouhamidi | |
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lundi, 12 août 2013
PRISM ET LES VERTUS RETROUVEES DU MACCARTHYSME
00:00 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Allemagne, Crise ivoirienne et Politique ivoirienne, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Irak, Israël, Libye, Mali, Monde, Monde arabe, Syrie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde, europe, afrique, états-unis d'amérique, prism et les vertus retrouvées du maccarthysme, mohamed bouhamidi | |
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dimanche, 11 août 2013
LA RUE ARABE DE L'EMOTION A LA REVOLUTION
Contenir l’entrée en scène des peuples arabes, contenir cette fameuse « rue arabe » que révélaient, déjà, les émeutes du pain du Caire en 1977, celles de Casablanca en juin 1981, puis celles de Tunis fin décembre 1983/ début janvier 1984 : voilà ce qui fait courir Europe et USA. Cette rue arabe sismique et incendiaire, émotive et amnésique, en peine de transformer ses émeutes en révoltes, à défaut de les traduire en révolutions, à cause des diff érenciations sociales inachevées en leur sein et de leur attachement romantique à l’extraordinaire utopie de fraternité qui leur permit de s’unir dans la lutte anticoloniale. Epouvantail commode et masse de manoeuvre facile pour les provocations dans le style des caricatures racistes et islamophobes, elle a longtemps épuisé son énergie dans ses impuissances historiques. Il faut bien constater qu’en Tunisie et en Egypte, depuis ces émeutes du pain, cette rue s’est structurée et a su transformer ses émeutes en révolution. Nous sommes déjà au-delà de la révolte et les débats politiques mobilisent non les seules élites, mais les peuples égyptien et tunisien tout entiers.
Du côté populaire, les masses, à Tunis comme au Caire, démontrent par leur impressionnante mobilisation qu’elles ne veulent plus être gouvernées comme avant. Du côté des gouvernants, UE et USA font tout pour faire croire qu’ils peuvent encore gouverner en multipliant les conseils publics de « bonne conduite » dans cette phase de crise, mais ni l’hyperpuissance américaine ni sa vassale européenne n’arrivent à encadrer les choix politiques comme avant. Les émeutes égyptiennes du pain de 1977 constituèrent la première grande révolte populaire contre les mesures de libéralisation qui suivirent Camp David et connues sous le nom d’Infi tah ou ouverture. Depuis lors, les régimes égyptiens de Sadate comme de Moubarak devinrent des interfaces -empruntons l’image à l’électronique - entre le système impérialiste et le peuple égyptien, dont il fallait maîtriser les révoltes et les utopies nassériennes. Les services de renseignements - et non l’armée égyptienne - et la police étaient en charge des révoltes, les Frères étaient en charge des utopies.
Mais tout le reste des décisions vitales appartenait, depuis Camp David, au système impérialiste à travers le FMI et les autres institutions. Le plan d’ajustement structurel, en 1991, en orientant, entre autres, la production agricole vers l’exportation, a réduit la production de blé, ruiné la sécurité alimentaire et livré le pain des Egyptiens aux exportateurs de blé américains. Réellement, le peuple égyptien fait face à une gouvernance mondialisée euro-israélo-US de son économie, de son territoire, notamment le Sinaï, de sa sécurité. Les véritables gouvernants de l’Egypte - les puissances extérieures - ne peuvent donc plus gérer comme avant. La solution US résidait dans des arrangements entre les Frères et les Moukhabarates représentées par le Général Omar Souleimane, mort opportunément. Nous sommes alors dans une crise de type révolutionnaire qui aboutira ou échouera selon l’intelligence de ses acteurs, la réunion des conditions nécessaires et la mobilisation des forces populaires. La puissante mobilisation du peuple égyptien avait à l’époque fait capoter la combinaison Frères-Moukhabarates, dont Tantaoui semblait être une couverture. L’intrusion de l’armée, en tant qu’armée, avec les premières manifestations de ralliement d’offi ciers et de soldats à la révolte n’était souhaitée par aucune puissance étrangère. L’urgence américaine était de bloquer le développement inattendu et indésirable de la révolte des couches moyennes mondialisée et face-bookées vers les couches proprement populaires et vers le mouvement ouvrier égyptien aguerri par près de quarante ans de luttes contre l’eff royable misère sociale engendrée par la soumission de l’Egypte aux compradores et ses interfaces avec le système impérialiste mondial.
L’alliance du peuple et de « son armée », celle qui porte dans la tête de ses milliers et milliers d’offi ciers et dizaines de milliers de sous-officiers et soldats l’héritage contrarié de ses luttes antisionistes et antiimpérialistes, est évidemment l’alternative insupportable à la vieille combinaison des Frères et des Moukhabarates. L’impératif pour les puissances impérialistes est de calmer la rue en acceptant des solutions d’attente et de sauver les Frères musulmans du naufrage, puis de les recadrer avant de les remettre à la besogne. C’est la tâche de C. Ashton, de Hagel, de Kerry, de Hague et de l’inénarrable Fabius. L’urgence est de discréditer l’esquisse de cette alliance « peuple-armée dans sa composante populaire » et de la bloquer, en coupant la séquence historique actuelle de sa chaîne de déterminations et de causalités, et en traitant la déposition de Morsi de coup d’Etat. La « rue arabe » sortie du mythe pour fabriquer l’histoire réelle saura-t-elle dégager sa route de ces traquenards impérialistes?
Mohamed Bouhamidi
Source: REPORTERS.DZ
00:00 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Egypte, Etats-Unis d'Amérique, Europe, Monde, Monde arabe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, égypte, mohamed bouhamidi, la rue arabe de l'émotion à la révolution | |
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vendredi, 31 mai 2013
L'EUROPE ET LES FACTEURS FRANCO-ANGLAIS DE DIVISION
Le lendemain de ces déclarations qui semblent vouloir forcer le destin, la Belgique annonce son intention de rester en retrait, l’Allemagne confirme son opposition à l’envoi des armes et l’Autriche rassure sur le maintien de ses soldats au sein des forces de l’ONU chargées de superviser le cessez-le-feu sur le Golan.
Nous constatons qu’à l’entente franco-allemande qui a donné tonus et chair à une construction européenne enracinée dans les crédos économiques, il s’est réellement substituée une connivence franco-britannique implantée dans les choix politiques et idéologiques d’un alignement sur les USA. Cette connivence a été officialisée dans un accord signé par les deux pays et préparé par Sarkozy pressé de donner des gages aux USA sur son alignement complet. Cet accord militaire présageait d’un déplacement de la France du centre de gravité franco-allemand au cœur de l’Europe, vers un axe aux frontières de l’Europe voire à sa tangente.
La guerre à la Syrie ne risque pas d'embrasser le seul Liban. Elle peut aussi ajouter aux fissures européennes. On sent arriver le moment que choisiront quelques pays européens pour dire à l’état français que l’Empire colonial est derrière eux.
Mohamed Bouhamidi
00:49 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Allemagne, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Grande-Bretagne, Israël, Libye, Monde, Monde arabe, Russie, Syrie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, france, grande-bretagne, laurent fabius, william hague, l'europe et les facteurs franco-anglais de division, mohamed bouhamidi, reporters-alger | |
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mardi, 28 mai 2013
COALITION DE L'OPPOSITION SYRIENNE: AMERTUME ET «DELIRE DE VICTOIRE»
La Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution syrienne (opposition extérieure) à Istanbul
00:05 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Chine, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Grande-Bretagne, Israël, Monde, Monde arabe, Russie, Syrie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde, syrie, coalition de l'opposition syrienne. amertume et «délire de victo, la coalition de l’opposition extérieure de la syrie, istanbul, genève ii, moaz el khatib, mohamed bouhamidi, reporters-alger le 27 mai 2013 | |
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samedi, 25 mai 2013
LA DEFAITE IMPERIALE EN SYRIE ET LA NAISSANCE D'UN MONDE BIPOLAIRE
00:00 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Grande-Bretagne, Irak, Iran, Israël, Libye, Monde, Monde arabe, Russie, Syrie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : syrie, la défaite impériale en syrie et la naissance d’un monde bipolai, mohamed bouhamidi | |
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vendredi, 26 avril 2013
AMINATA TRAORE, OUMAR MARIKO, LA FRANCE SARKOLLANDE ET LA FATALITE IMPERIALISTE
C’est à l’opinion française de se poser enfin quelques questions sur ses unanimités… dont le silence sur le cas Aminata Traoré interdite de visa pour « divergence d’opinion » et le vote à l’assemblée le 21 avril 2013, sans voix contraire, du prolongement de la mission Serval.
Alger, le 24 avril 2013
00:00 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Europe, France, Mali, Monde | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : côte d'ivoire, aminata traoré, oumar mariko, la france sarkollande et la fatalité impérialiste, mohamed bouhamidi | |
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jeudi, 05 mai 2011
DERRIERE L'ORDRE «DEMOCRATIQUE», L'ORDRE DE BATAILLE DE L'IMPERIALISME

Par Mohamed Bouhamidi, le 05 mai 2011
La toute proche célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse nous rappelle combien la bataille médiatique a été et reste décisive dans la guerre menée à la Libye. Elle a annihilé la plus puissante des armes anti-guerre : les opinions publiques. Cette arme des citoyens mobilisés pour entraver quelque peu les démarches guerrières et agressives a été totalement absente. Ces mobilisations des citoyens du monde entier n'avaient pas empêché les attaques les plus terribles comme l'invasion de l'Irak, son million de morts et deux millions de réfugiés et déplacés, ni l'opération «plomb durci», ni le démembrement de la Serbie. Mais elles avaient quand même puissamment pesé pour que restent une mémoire de l'agression et une condamnation morale de l'agresseur. G. W. Bush ne peut plus se déplacer aussi facilement qu'il le voudrait.
Tony Blair, qui appelle aujourd'hui à attaquer l'Iran, ne peut, non plus, tout à fait cacher son véritable visage même s'il a réussi, dès 2004, à entraîner Kadhafi dans une série de concessions en faveur des politiques ultralibérales et, entre autres, à mettre l'argent de la Libye dans différents placements dont les fameux fonds souverains. Le gel de ses avoirs évalués entre deux cent et trois cent milliards de dollars constitue l'un des plus grands hold-up de l'histoire de l'humanité. Si l'on tient compte de l'engagement des «révoltés» de Benghazi de remettre toutes les richesses du pays entre les mains des coalisés, ce hold-up se situe à la hauteur du vol de l'or des Incas, des richesses de l'Inde et de la Chine, de la terre des Amérindiens et des Palestiniens, etc. Un de ces pillages dignes de la dépossession du Congo et du Rwanda.
S'ils s'en souviennent, les Algériens peuvent mesurer où nous aurait menés la campagne formidable des «experts» consultés par les titres ultralibéraux qui voulaient à tout prix mettre les réserves financières de l'Algérie dans des fonds souverains destinés à acheter des actifs à l'étranger. Quel zèle de ceux qui se voyaient déjà installés dans de grandes capitales étrangères à jouer les capitalistes modernes avec l'argent de l'Algérie et au nom d'une nouvelle idéologie qui se gausse de l'idée de nation ! De cette idée de nation et de la nation concrète qui leur aurait donné l'argent chèrement payé par la guerre de libération et par la bataille de la nationalisation du pétrole qui a arraché l'argent aux multinationales et à leurs fondés de pouvoir. Les mêmes qui, en Libye, avaient mené les grandes réformes financières et mis cet argent au service des banques étrangères mènent aujourd'hui la rébellion contre l'Etat qui a refusé de les suivre au-delà d'une certaine ligne rouge qui s'appelle la souveraineté nationale.
Il n'y a rien d'étonnant dans cette alliance militaire et dans la subversion contre-révolutionnaire entre les ultralibéraux libyens et les puissances étrangères. Elle ne représente que la conséquence tragique, mais logique de leur alliance de fond : l'alliance politique pour arracher les richesses du pays libyen au peuple libyen comme le feront les ultralibéraux dans d'autres pays, contre leurs peuples et contre leurs Etats. Cette question des réserves de changes et le placement des excédents posent bien d'autres questions dont celle de la dilapidation forcée des ressources dès lors qu'elles génèrent des revenus par trop supérieurs aux besoins du pays. Et ce n'est pas qu'un aspect technique. Les besoins énergétiques des puissances de l'empire fixent les niveaux de production et les politiques de ces puissances à l'endroit d'une énergie vitale pour leur vie quotidienne. Et si les autorités algériennes, sous le coup de la pression médiatique et politique, aussi bien locale qu'étrangère, avaient placé notre argent dans des fonds souverains pour permettre à quelques-uns de jouer au poker d'une spéculation financière, dont ils n'ont qu'une maîtrise scolaire ? Notre argent aurait été gelé au moindre conflit avec des puissances qui nous cherchent visiblement querelle et nous créent sans arrêt des motifs de friction, des injonctions à laisser marcher la fantomatique CNCD aux interpellations sur les mercenaires algériens en Libye, en passant par des commentaires sur les réformes discutées dans notre pays qui ressemblent beaucoup à des doigts menaçants qui montrent la bonne direction.
Vous aviez oublié cet épisode de la campagne pour la création de fonds souverains algériens ? L'immense majorité des gens a oublié. Et c'est comme cela que fonctionne la désactivation de l'expérience. La crise financière de 2008 est venue ensuite faire oublier cet assaut de «bons conseils» : pourquoi laissez-vous votre argent dormir ? Avec les faillites qui se multiplient en Europe vous pouvez faire de bonnes affaires ? Est-ce que les usines qui font faillite sont une bonne affaire si elles travaillent dans les mêmes créneaux que les ateliers chinois et à quoi cela sert d'acheter des manufactures puisque toutes les entreprises stratégiques restent fermées aux investisseurs arabes, à commencer par la gestion des ports et aéroports et il est inutile même de penser à l'avionique ? Les plus grands noms de l'économie mondiale avaient déjà largement critiqué les fonds de pensions et mis en doute la réalité des perspectives des fonds souverains.
En fait, ces grands noms commençaient à émettre des questions de plus en plus distantes des diktats théoriques ultralibéraux, mais pouvaient-ils ébranler les convictions religieuses de nos «experts» qui en sont restés aux théories des Chicago boys ? Le choc et la stupeur médiatiques avaient largement pour but de nous cacher les vraies raisons de la guerre. Beaucoup d'articles remarquables ont en fait le tour ou presque. Les auteurs de ces articles ont mis au jour les motifs inavouables. Le premier d'entre eux reste la confrontation à distance entre la Chine, d'un côté, et les USA et l'Europe, de l'autre. En 2008, les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont dépassé les cent milliards de dollars. A la même date, les échanges USA-Afrique ont atteint les quatre vingt millions de dollars. Sur ce terrain, la Chine a battu les USA et elle surpasse l'Europe. Le volume des échanges ne suffit pas à estimer ces échanges. La Chine a gagné du terrain sur le terrain pétrolier et minier, y compris l'uranium sur un continent dont elle était absente. En Libye même, elle avait réussi une remarquable percée et les investissements en cours et en gestation frôlaient les cinquante milliards de dollars, dont la plus grosse partie allait à l'énergie. Plusieurs spécialistes répètent à l'envi, et à la suite du rapport public de la CIA, que les USA ne possèdent plus qu'une arme décisive, après avoir perdu celle des nanotechnologies, dans leur confrontation avec la Chine et maintenant avec les Brics : leur suprématie militaire pour freiner l'accès indépendant de la Chine aux sources du pétrole.
La guerre faite à la Libye est une guerre contre la présence chinoise en Libye, en particulier, et en Afrique, en général. Mais, c'est surtout une guerre qui se concentre sur la bande sahélienne qui recèle les plus importantes réserves de pétrole jamais connues. C'est une guerre que la Chine ne peut mener aujourd'hui et pour laquelle elle préfère différer sa réponse en proposant des solutions intermédiaires, y compris le principe de payer une dîme aux USA par l'achat de bons du Trésor américain (et passer des commandes qui assurent l'emploi américain) pour alléger le poids des déficits et de la dette, alors que tout le monde sait qu'il s'agit de bons et de placements non remboursables et non rapatriables. Demander le rapatriement des fonds ou le rebroussement de cet argent équivaut à un casus belli dans les conditions de la crise financière actuelle. Et cette tendance au non-remboursement devient générale et non négociable. C'est le comportement du fort à l'endroit du faible, le comportement du loup, le sens de l'honneur en moins.
Quand le remplaçant de Blair - c'était Brown ? - a fait sa tournée du Golfe pendant la crise de 2008, il a réclamé sans sourciller le placement en Angleterre de l'argent des pétromonarchies, c'était sans espoir de retour. Et c'est dans le même esprit que l'Angleterre a vanté les taux d'intérêt de sa City à l'Algérie. Ni les Etats-Unis ni les grandes puissances européennes n'ont le temps de tergiverser face aux menaces de la crise et de leur déclin. C'est maintenant qu'ils doivent profiter de leur suprématie militaire pour ralentir la Chine et l'ensemble des pays émergents dans le sillage de la Chine. Les prévisions donnent la Chine première puissance économique mondiale dans cinq ans. C'est dire l'urgence. Obama doit accélérer l'intervention des USA partout dans le monde où il faudra freiner les Brics en répartissant mieux la charge des opérations militaires sur l'ensemble de ces alliés. Il a sommé Berlusconi d'entrer dans la danse meurtrière, et c'est un signe très fort qu'Obama brûle les vaisseaux de ses alliés qui seraient tentés par des solutions négociées. Pour eux, ce doit être la victoire ou rien quel qu'en soit le coût, car la bataille n'est pas celle des traîtres de Benghazi - comment appelez-vous quelqu'un qui gérait la maison et qui en donne les clés à un agresseur même s'il a de sérieuses rancunes à l'égard du chef du moment ? -, mais celle de l'empire contre l'ensemble des Brics, Chine en tête. La détermination euro-américaine à aller jusqu'au bout de la guerre libyenne a déterminé les Brics à réagir et à condamner les dépassements de l'Otan, ce qui est un signal qu'ils n'éviteront pas éternellement la confrontation.
Peu de gens ont relevé un fait capital dans cette affaire libyenne : Obama a justifié l'attaque de la Libye en parlant de réaction à une menace contre les valeurs de l'Amérique. Il ne parle plus d'un danger physique, de menaces terroristes, de morts, etc. Il ne parle plus d'un nouvel Pearl Harbour, ni de la menace communiste. Il parle de valeurs et tout le monde sait ce que sont les valeurs de l'Amérique : la liberté d'entreprendre et la libre circulation des capitaux. Rappelez-vous comment se définissait l'Amérique face à l'URSS : le monde libre. Les mots liberté et démocratie dans le vocabulaire américain veulent dire capitalisme. Le contraire s'appelle de toute évidence dictature et les cibles s'appelleront désormais les dictateurs. Cette justification d'Obama annonçait au monde et à ceux qui savent lire ce genre de message qu'il n'est pas question que les USA laissent se développer un autre modèle que la libre circulation des marchandises et des capitaux, et que le monde entier doit se plier au leadership américain. Poutine a immédiatement répondu en Norvège et en Suède, les Brics aussi, et il semble bien que la Chine soit en train d'indiquer dans son langage la ligne que les USA seraient avisés de ne pas franchir. Il n'y a rien de surprenant dans cette démarche. Obama avait formulé la critique du complexe militaro-industriel à l'endroit de Bush. Les alliés de l'Amérique doivent prendre le poids du fardeau sous contrôle américain, mais ils doivent le faire et Berlusconi vient de le comprendre.
Pour les gogos que nous sommes, cette directive américaine sur le fardeau français de la guerre nous est enveloppée dans l'emballage de Bernard-Henri Lévy. La mise en scène a bien marché et les commentaires savants ou vulgaires insistent pour nous faire croire sur le mode de la dérision, de la colère ou de l'envie au rôle du philosophe qui se vend comme les savonnettes. C'est alors que ce système capitaliste financiarisé et en crise profonde est en crise qu'en Algérie, les ultralibéraux profitent de son agressivité pour nous convaincre qu'il est le seul viable. Pour qu'il vienne investir - mais pourquoi diable le ferait-il en Algérie quand il est incapable de le faire chez lui ? - il lui faut de la visibilité sur trente ans. Autrement dit, donnez-lui les clés de la maison. Existe-t-il meilleure visibilité pour lui que celle qu'il peut se donner en toute liberté sur notre sol ?
Le discours d'Obama sur la Libye est une déclaration de guerre à toute l'humanité. Le nouvel ennemi de l'Amérique ne peut plus être le terrorisme islamiste trop limité à une région géographique, et qui a déjà largement joué son rôle en justifiant l'occupation de l'Irak dont 85% des revenus aujourd'hui vont aux USA, l'occupation de l'Afghanistan aux quasis frontières de la Chine et en justifiant l'Africom qui remodèlera les frontières issues de la libération de l'Afrique. Avec la définition du nouveau danger, il fallait organiser les cérémonies de la mort symbolique de l'ancien danger, Oussama Ben Laden. Les nouveaux visages de l'ennemi s'appelleront utilement Chavez, Moralès, Kadhafi et peut-être aussi Bouteflika. Le nouvel ennemi de l'Amérique, ce sont tous les pays d'Amérique latine, d'Asie, d'Afrique qui oseront, à l'instar de l'Algérie depuis 2008, s'écarter du strict, mais alors du strict modèle néolibéral. Kadhafi a été le grain de sable qui les a empêchés d'embrayer immédiatement sur l'Algérie. La résistance du peuple libyen est une résistance au nom de toute l'humanité et Kadhafi entre dans cette métamorphose des saints par laquelle il expie ses erreurs pour renaître sous l'aspect du héros national. Sarkozy connaît-il l'existence d'un certain Vercingétorix ? Nous rappellerons nous, Algériens, l'existence des Massinissa et des Ben Boulaïd ?
Mohamed Bouhamidi
Source : LA TRIBUNE ONLINE
16:11 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Libye, Monde, Monde arabe | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : côte d'ivoire, l'ordre démocratique, l'ordre de bataille de l'impérialisme, les brics, rivalité chine usa europe, mohamed bouhamidi | |
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samedi, 19 mars 2011
LES INSUCCES S'ACCUMULENT EN ATTENDANT LES ECHECS PATENTS: LA PERTE AMERICAINE DE L'INITIATIVE HISTORIQUE

Par Mohamed Bouhamidi, le 17 mars 2011.
Les révoltes populaires arabes nous auront laissé sur de grandes interrogations sur nous-mêmes et sur le(s) nouveau(x) sens du mot « révolution ». Interrogation plus pesante après la belle contradiction qui pousse la Ligue arabe à lier les mains de Kadhafi pour alléger le travail de l'insurrection armée en Libye et autorise les pays du Golfe à intervenir contre les manifestants à Bahreïn.
Des plans et des réalités
Le poids de l'interrogation pèse encore plus quand on se souvient que l'Arabie saoudite, qui aide les insurgés en Libye et le pouvoir à Bahreïn, avait ouvertement et fermement manifesté son soutien à Ben Ali et surtout à Moubarak pour lequel elle a pris le risque de se fâcher avec les Etats-Unis. Cette même ligue, muette pendant les semaines décisives de l'agression israélienne contre le Liban et Ghaza, fait l'événement en offrant à la France et à l'Angleterre la caution arabe à leur impérialisme humanitaire. Sarkozy pouvait désormais envoyer ses avions bombarder les bases et aérodromes militaires libyens en nous disant : «J'agis à la demande des Arabes.» Il faut avouer que c'est le must pour le néo-colonisateur : il revient à la demande du peuple concerné ! Ce n'est plus la seule demande du Conseil national de transition (CNT) qui appelle à l'aide mais celle de tous les Arabes - moins la Syrie et l'Algérie traitées d'avocats du diable par sa presse interventionniste -. Ça fleure bon le paternalisme et le patriarcat. Si des gens doutent de la représentativité du CNT, la Ligue arabe vient de lui donner la caution ethnique. La zone d'exclusion verra-t-elle le jour ? Sera-t-elle utile pour les insurgés dans l'actuel rapport de forces ? Ou un développement ultérieur - très grave pour sa proximité avec nos frontières - précipiterait la Libye dans un scénario à la yougoslave ou à la serbe ? Chacun peut rechercher sur Internet des informations sur les scandaleuses richesses minières qui dorment dans le sous-sol des pays du Sahel. Chacun peut rechercher les stratégies à long terme appliquées par les Etats-Unis pour s'assurer la maîtrise de ces richesses et dont la clé est la remise en cause des frontières laissées par les colonisateurs et la création d'ethno-Etats et d'Etats confessionnels pour se débarrasser définitivement de l'idée, si intimement liée aux indépendances et à la lutte anticoloniale, de souveraineté sur les richesses et ressources locales. La lutte pour l'indépendance, partout dans le monde, s'est fondée essentiellement sur le mot d'ordre de réappropriation de ses richesses.
Les Algériens ont même prolongé leur guerre de seize mois pour ne pas perdre un centimètre du Sahara. La scission du Sud-Soudan va bientôt produire son plein effet psychologique et rendre «normale» l'hypothèse que les crises africaines du Sahel trouveraient peut-être leurs solutions dans de nouvelles frontières plus proches des réalités ethniques, culturelles, voire historiques, puisque l'occupation coloniale est venue partout contrarier et annuler des dynamiques de création de royaumes et d'empires africains. Le tout est que ces nouvelles frontières abritent des Etats qui ne reposent plus sur l'idée de nation et acceptent plutôt l'idée d'appartenance à une zone. Il suffit pour les lecteurs algériens que l'essentiel des efforts américains et de leurs promesses d'aide au commerce et aux échanges avance toujours la nécessité pour l'Algérie d'adhérer à la zone MENA et de promouvoir la Maghreb comme zone de réflexion et de projection économiques. L'approche est d'autant plus séduisante qu'elle reflète aussi une nécessité pratique pour les pays en voie de développement : celle de favoriser leurs échanges, d'aller vers des commerces Sud-Sud qui n'auront jamais lieu car ces zones ne changeront rien à la réalité des structures économiques si des gouvernements n'engagent pas des politiques économiques nationales autonomes. Rien ne dit que ces projets de reconfiguration du Sahel aboutiront. Ni les forces politiques nationales de la région ni les peuples n'ont dit leur dernier mot. Le cas libyen est symptomatique des difficultés que rencontrent les Etats-Unis et les pays d'Europe à mettre leurs visées en pratique. La crise économique a réduit leur marge de manœuvre. Les Etats-Unis en sont réduit à faire d'intolérables pressions sur les autres pays pour leur transférer le poids de leur endettement interne et à l'international.
Les contrariétés impérialistes
Les Etats-Unis, comme les pays européens, sont grandement conscients qu'ils auront à affronter des révoltes et des mécontentements populaires sur leur propre sol. Par ironie du sort, au lieu de mener les changements du Grand Moyen Orient devant leur assurer maîtrise politique et géostratégique pour le contrôle de l'accès aux hydrocarbures, les peuples arabes leur imposent une autre configuration politique qui annihile leurs tentatives de contenir les peuples dans les limites souhaitées par les grandes puissances. Les défilés ministériels au Caire ne visent pas autre chose que de s'assurer d'un positionnement pro-occidental des autorités et de leur capacité à reproduire le système mis en place en donnant l'impression des grands bouleversements. Et le défilé des ministres à Tunis n'a pas, non plus, d'autres buts. Ce qui frappe, c'est le côté dérisoire des aides proposées, quelques millions d'euros, un chiffre infinitésimal face aux besoins réels et comparé aux superprofits que ces grandes puissances ont retiré de l'alignement des tyrans arabes sur les orientations et les modèles de l'Occident.
Pourquoi la génération des jeunes Arabes qui n'ont pas connu les indépendances et encore moins les luttes de libération se soulève-t-elle contre les dirigeants actuels ? Les raisons sont nombreuses et les analyses sérieuses ne manqueront pas d'émerger du plombage idéologique binaire que les médias dominants se renvoient comme des échos s'épaulant l'un l'autre pour donner à une propagande - savante et sophistiquée certes mais une propagande quand même - les apparences d'une vérité universelle. Mais surtout la redoutable efficacité d'un dogme religieux qui renvoie dans la géhenne du soutien aux dictatures tous ceux qui discutent les intentions réelles des puissances en mal d'ingérence. Bref, qui discutent cet «impérialisme humanitaire» comme l'a si bien nommé Jean Bricmont. Jamais nous n'avions connu un tel poids du «taisez-vous». Nous devrions nous rendre aux logiques «démocratiques» sans les interroger. Le premier facteur de cet impérialisme, c'est la terreur morale que nous devons absolument rejeter, la stigmatisation, la fermeture vers une seule alternative : c'est «soit l'Occident, soit la dictature». Et une fois de plus, pour se tirer des griffes des dictatures, il faut tomber dans celles qui les ont fabriquées ? Pour nous Algériens, la question reste cruciale. Comme les autres pays arabes, la génération des jeunes ne se souvient pas de la guerre de libération, ni de la misère des gourbis, ni de la misère des jours sans pain. Et personne au pouvoir ne leur donne à lire les souffrances indicibles que nous retrouvons dans les romans de Dib, de Feraoun, de Mammeri, de Kateb Yacine. Pas même la vérité romanesque d'Omar ramassant les poussières de charbon pour les ramener à Aïni ou de Fouroulou passant l'hiver glacial des montagnes kabyles. Ce n'est évidemment pas un accident. Comment appeler la condition coloniale, comment rappeler quelques raisons profondes de notre guerre de libération et nous faire les louanges de l'économie de marché et du libéralisme dont la condition coloniale n'est qu'un segment ? Notre jeunesse ne veut plus entendre parler d'un patriotisme devenu discours paternaliste et culpabilisant à l'endroit de jeunes supposés moins méritants que leurs aînés.
Le diable et son avocat
C'est en direction de la jeunesse, ce «carburant» du changement, que se fait le maximum de l'autre l'effort de culpabilisation. Nous nous retrouvons non plus dans l'analyse politique, dans la réalité mais dans d'invraisemblables abstractions. D'un côté, des tyrans surexposés dans les médias avec profusion de leurs portraits grâce à toutes les techniques possibles. Voilà le diable. Et de l'autre côté, des manifestants dont on ne sait pas grand-chose à part quelques figures qui doivent devenir des symboles, c'est à dire encore des abstractions. Des individus transformés en destin. Des images de l'histoire sorties d'un néant de l'histoire. En parallèle de la dictature morale chemine l'ensevelissement de l'histoire. Kadhafi a fait réellement autant de morts que Saddam Hussein et, pourtant, aujourd'hui dans le bilan des morts, des tortures, des prisons, des atteintes aux droits de l'Homme, de la destruction de toutes les infrastructures de l'Irak et dans le bilan de la corruption que pèsent les crimes de Saddam Hussein devant ceux de Bush prolongés par Barak Obama ? Car le prix Nobel de la paix est un authentique tueur et il le prouvera de plus en plus clairement que les Etats-Unis s'enfonceront dans la crise. Ils iront plus vite dans cette direction avec le séisme du Japon qui obligera ce pays à ne plus acheter la dette américaine pour essayer de s'en sortir. Le monde civilisé et les nations démocratiques ont affaibli à petit feu l'Irak avant de lui donner l'estocade. A l'époque, un grand débat a fait illusion dans les milieux de la gauche européenne comme dans les cercles des anti-impérialistes repentis et convertis à la modernité ; ce courant était contre le dictateur Saddam Hussein et ne pouvait le soutenir contre une agression de la coalition internationale.
Le débat s'est joué à peu de choses près. Premièrement, ne pas soutenir un dictateur est revenu à se taire devant une agression impérialiste qui devait enlever un dictateur selon les buts claironnés mais qui a, en réalité, détruit un pays, un Etat et les forces productives lentement et difficilement accumulées. Le silence à une agression dirigée contre un pays et pas contre un homme. C'est la même chose aujourd'hui pour la zone d'exclusion aérienne de Sarkozy et Cameron. Deuxièmement, cela s'est joué à la dénomination des choses. En refusant de nommer l'agresseur par son nom : l'impérialisme, c'est-à-dire tout le système de domination du monde qui règle tous les détails de la gestion de la planète, les «juste-milieu» ont dérouté complètement la volonté des peuples de résister car ils ne savaient plus où frapper. Ces peuples pouvaient s'indigner de l'agression américaine en Irak, ce sont les «valeurs démocratiques» de l'agression qui gagnaient du terrain.
Troisièmement, cela s'est joué à l'«irréalité». On demande aux peuples de devenir conformes au bon modèle occidental de la démocratie représentative comme si chacun de ces peuples ne vivaient pas dans des conditions économiques, sociales, culturelles extrêmement différentes et lourdement marquées par le choc colonial. À la suite du rouleau compresseur du FMI qui nous met tous à la même médication économique passe le rouleau compresseur de l'idéologie impérialiste qui nous impose à tous la même potion démocratique. Les Etats-Unis n'interviendront pas en Libye. Comme Bouteflika, ils ne veulent pas d'une zone d'exclusion aérienne. La presse algérienne va-t-elle les traiter d'avocats du diable ou de soutien aux dictatures comme elle l'a fait pour Bouteflika ? Les Etats-Unis sont contre l'exclusion car ils n'en ont pas les moyens. Ils ont suffisamment à faire aujourd'hui avec les dangers internes. Si une protestation comme celle du Wisconsin se reproduit, ils n'auront pas assez de leur Garde nationale. Et pour ceux qui l'ont oublié, les Etats-Unis ont souvent tiré sur leur peuple notamment pendant les protestations contre la guerre du Vietnam. Ils s'en priveront d'autant moins s'il s'agit de défendre Wall Street. Que pèsent les appels à l'intervention humanitaire devant les froides réalités financières et militaires ? Sarkozy se moque des Libyens. Il a soutenu le CNT dans l'intérêt d'Israël pas de la démocratie. Vous connaissez un Arabe qui soit remarquable pour Bernard Henri Lévy sans que ce dernier manifeste son allégeance pleine et entière à Israël ? Il manquait à la France cette avanie : Sarkozy le lui a infligé en compagnie de Cameron dont Israël est le premier pays. Sarkozy, dans sa frénésie, a voulu aussi devancer l'histoire. Il n'avait pas compris que pour l'Allemagne et pour les Etats-Unis, même les intérêts d'Israël peuvent ne pas être prioritaires même s'ils sont rentables pour sa réélection en 2012.La grande leçon est que les Etats-Unis et l'Allemagne ont des intérêts nationaux à défendre en refusant l'aventure française.
L'Algérie a-t-elle des intérêts nationaux et les Algériens ont-ils intérêt à avoir les troupes et les armes de l'Otan à leurs frontières ?
Source : LA TRIBUNE ONLINE
10:07 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Libye, Monde, Monde arabe | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : monde, libye, europe, france, insuccès et et échecs patents, la perte américaine de l'initiative historique, mohamed bouhamidi, la tribune oneline, révoltes populaires arabes | |
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dimanche, 13 mars 2011
NON AU RETOUR DU COLONIALISME AU MAGHREB!

Par Mohamed Bouhamidi
Le président français et le Premier ministre anglais veulent intervenir en Libye. Le prétexte sans cesse ressassé est le même que celui invoqué pour la Yougoslavie, la Serbie ou l'Irak : l'exécution de massacres. Toutes les raisons invoquées à ce jour furent mensongères : des armes de destruction massive en Irak aux massacres des Albanais au Kosovo en passant par le charnier de Timisoara en Roumanie ou le meurtre de bébés dans la maternité du Koweït. Toutes jouèrent sur deux facteurs-clés : l'émotion soulevée par l'horreur des images cyniquement fabriquées et l'accusation infamante et paralysante portée aux consciences libres de soutenir des «dictatures» que par ailleurs ces mêmes puissances - singulièrement la France et l'Angleterre pour le cas de la Libye - ont soutenues, cajolées, flattées pour leurs ressources et leur argent. Nous, patriotes algériens, n'échappons pas à cette pression morale et hésitons à exprimer clairement et fermement notre réprobation de ces appels à l'intervention militaire et à l'ingérence tous azimuts. Nous sommes grandement paralysés par l'acceptation à la base de ces notions de démocratie et de dictature comme si elles désignaient naturellement une supériorité civilisationnelle, morale et politique des puissances, hier coloniales et aujourd'hui néocoloniales.
Nous devons récuser la base même de leurs concepts et rappeler à Sarkozy que c'est bien la grande démocratie qu'était la France coloniale qui nous a mené une sale guerre de sept ans. Nous devons rejeter ces pressions morales qui entravent notre riposte déterminée à ces menaces d'ingérence sous le couvert fallacieux de la démocratie et de la liberté des peuples qui a montré, en Irak - un million de morts après et qui attendent toujours le TPI - en Afghanistan et en Amérique latine qu'elles ne sont que plus de corruption, plus de morts, plus de soumission et toujours moins de dignité. Nous subissons ces pressions d'autant plus fort que les relais internes de ces puissances impérialistes ont marqué des points essentiels, voire décisifs, dans les médias et la vie politique.
Ces relais affichent fièrement leurs rôles et leurs missions, convaincus d'une victoire proche et certaine. L'ingérence européenne en Libye, française en particulier, est une menace directe et immédiate sur l'Algérie. Elle a pour but de mener une campagne de reconquête néocoloniale. Des alliés et des relais internes leur ont grandement facilité les conquêtes coloniales. Des relais et des alliés leur faciliteront la reconquête. Plus que jamais, les patriotes doivent se mobiliser comme ils le peuvent et où ils le peuvent pour afficher leur opposition à l'ingérence impérialiste en Libye. L'intervention en Libye est une menace directe contre notre souveraineté nationale. Elle est une tentative d'annulation des changements en Tunisie et en Egypte. Elle sera en revanche une menace sur la lutte anticoloniale et sur nos indépendances.
C'est au peuple libyen de résoudre ses conflits en fonction de ses intérêts nationaux et sans interférences étrangères. Il faut secouer l'hégémonie conceptuelle et politique acquise sur les consciences par la vision impérialiste. Il est temps pour nous de ne plus subir les termes du débat imposé par les dynamiques ultralibérales et de trouver les voies et les moyens de réhabiliter la défense de l'indépendance des peuples et des Etats nationaux face à l'ingérence permanente des puissances coloniales. Il est temps de penser à (re)construire un front (mouvement) patriotique et démocratique (le front anti-impérialiste) disloqué par les offensives réformatrices dans la forme et contre-révolutionnaires dans le fond. Non à l'ingérence politique et à l'agression militaire en Libye ! Non au retour du colonialisme au Maghreb ! Non au retour des canonnières ! Pour un rassemblement des patriotes autour de la défense de l'indépendance et d'un Etat véritablement national et démocratique.
Mohamed Bouhamidi
Source: LA TRIBUNE ONLINE
19:17 Écrit par Fernand AGBO DINDE dans Afrique, Etats-Unis d'Amérique, Europe, France, Libye, Monde, Monde arabe | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : monde, afrique, europe, la tribune online, mohamed bouhamidi, algérie, maghreb, tunisie, égypte, lybie | |
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